Il destino di Alitalia deve essere deciso nell’interesse della Compagnia del Paese

Romano Prodi : « Le mariage est plus difficile »

Par Pierre de Gasquet, Les Echos  21-10-2013

L’ancien président du Conseil s’interroge sur les risques de marginalisation des aéroports italiens.

« Compte tenu de la situation du secteur aérien, ce sera plus difficile pour Air France d’offrir les mêmes conditions. »

En pleine polémique sur le bilan désastreux du sauvetage d’Alitalia par les « capitaines courageux » il y a cinq ans, dans la foulée de la chute de son gouvernement en mai 2008, l’ancien président du Conseil revient sur l’historique des négociations qui ont conduit à la situation actuelle. De passage à Bologne pour un séminaire sur l’avenir du « made in Italy », il livre aux « Echos » son diagnostic prudent sur les chances de relance de la compagnie. Six ans après l’abandon du premier projet de fusion, la reprise d’Alitalia par Air France-KLM lui paraît encore « une option possible », même si elle reste « objectivement plus difficile aujourd’hui ». Mais il ne cache pas qu’un accord avec Lufthansa ou Air China aurait sans doute mieux garanti le potentiel des aéroports de Rome et de Milan.

Un choix crucial pour Alitalia.

« Compte tenu de la situation du secteur aérien et de ses propres difficultés, ce sera plus difficile pour Air France d’offrir les mêmes conditions », reconnaît le « Professore ».« Côté italien, il faut que les aéroports de Rome et de Milan restent des “hubs” importants pour la péninsule. Cela reste stratégique pour le pays. » Pour Romano Prodi, le choix du partenaire d’Alitalia doit être guidé par une « stratégie de long terme » et non uniquement par des « promesses qui ne peuvent être maintenues dans le temps et des intérêts étrangers à ceux de l’entreprise ». Le choix d’un partenaire industriel reste d’autant plus crucial pour la compagnie italienne que sa situation financière s’est sensiblement détériorée en cinq ans. Mais ni Aeroflot ni Air China ne lui semblent encore des partenaires possibles aujourd’hui.

Historiquement, le « Professore » rappelle qu’il a tout fait pour négocier une alliance internationale pour Alitalia au cours de ses deux ans de gouvernement (2006-2008). Initialement contactées, la direction de Lufthansa et même la chancelière allemande étaient « assez favorables » à un accord avec Alitalia, mais le conseil de surveillance de la compagnie allemande y a renoncé au vu de la situation syndicale. Dans la foulée, le gouvernement Prodi a approché Air China en vue d’une alliance éventuelle. « Les intérêts réciproques étaient évidents. » Malgré son intérêt de principe, Air China demandait un délai de trois ans pour étudier l’opération. C’est à ce moment-là que le gouvernement Prodi a ouvert une « discussion constructive » avec Air France. « Pour moi, c’était une bonne solution. Mais Silvio Berlusconi est arrivé et je ne suis plus intervenu sur le dossier », indique Romano Prodi.

Pour lui, malgré sa situation financière « désastreuse », Alitalia peut encore apporter à son partenaire une porte d’entrée sur un pays qui est « l’un des plus importants générateurs de trafic pour l’Europe entière ». En revanche, si Alitalia venait à tomber entre les mains d’une compagnie destinée à centraliser sur son territoire l’essentiel du trafic, elle serait condamnée à « une mort plus lente mais également certaine ».

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Dati dell'intervento

Data
Categoria
ottobre 21, 2013
Interviste